Les possibilités qu’offre la lecture en ces temps de quasi-confinement des Tunisiens sont aussi étendues que le monde où nous vivons. Un plaisir à redécouvrir.
En ces temps inédits de quasi-confinement des Tunisiens, revenir à l’essence des choses vraies comme la lecture peut sauver de la déprime. La lecture, méditation de l’esprit, demande du temps, une dose de solitude, du silence, une certaine concentration et un décrochage par rapport à notre mode de vie, basé sur la frénésie, l’agitation continue et la vitesse. Alors n’est-ce pas un merveilleux malheur que de se poser un peu en ces moments de crise sanitaire liée au Coronavirus ? De lâcher prise et de se déconnecter du reste du monde et de ses multiples tâches et passions pour goûter à travers la lecture au bonheur de « l’instant présent » ?
Or, comme le dit Pascal, cité dans un post sur Facebook par notre collègue et philosophe à ses heures, Raouf Seddik, « Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos, dans une chambre ».
« Une détoxification de notre mode de vie »
Comme en réponse à cette réflexion de Pascal, Edgar Morin, sociologue, médiologue et philosophe français âgé de 99 ans, affirme dans une récente interview au magazine l’Obs : « Le confinement peut nous aider à commencer une détoxification de notre mode de vie ».
Et si le lien que crée la vie sociale se desserre ces jours-ci, il est d’autres échanges possibles à travers l’imaginaire. Avec la lecture, une fenêtre, des portes, des jardins et des horizons s’ouvrent sur le monde et sur l’Autre dans toute sa diversité et parfois son étrangeté.
Mais que lire diriez-vous ?
Le choix est large : le livre tunisien (à la portée des bourses moyennes), le livre d’occasion (consulter Cérèsbookshop), le livre offert en lecture libre sur Internet. Un conseil : relire les classiques en arabe, Néjib Mahfoudh, Mahmoud Taymour, Jabran Khalil Jabran, Mahmoud Derouiche, Mahmoud Messaâdi, Béchir Khraïef, Ali Douaji, Abou Al Kacem Chabbi, et en français, Albert Camus (relire La Peste est de rigueur aujourd’hui), Victor Hugo, Romain Gary, Maupassant, Pagnol, Duras, Sagan…Et puis toute la littérature universelle offre tellement d’opportunités de plaisir : Tolstoï, Gorki, Gabriel Garcia Marquez, Hesse, James, Murakami, Roth, Coe…
Bourguiba, encore et toujours
Et puis pourquoi ne pas plonger dans les livres d’histoire sur la Tunisie ? Les livres sur Bourguiba, écrits soit par des journalistes, tels Souhayr Belhassen et Sophie Bessis ou encore par Bertrand Legendre ou encore par les anciens ministres du « Combattant suprême », racontent beaucoup de notre histoire contemporaine tout en dressant le portrait d’ « un homme politique professionnel », selon l’expression de Max Weber, un personnage à la fois complexe et exceptionnel.
Biographies, récits de voyage, romans, poésie…les possibilités qu’offre la lecture sont aussi étendues que le monde où nous vivons. Lire et transmettre cette pratique, qui rend les femmes et les hommes plus curieux, plus intelligents et plus critiques, à ces enfants en leur démontrant à quel point cela peut incarner un vrai plaisir va les doter d’atouts qu’ils découvriront au fil des années. Ainsi, le cercle des lecteurs s’agrandira pour que le livre reste vivant et même objet de désir malgré l’omniprésence de la loi du plus court, du plus bref et du plus sensationnel dans ces temps dominés par les réseaux sociaux.